Lena Ҩ Adrien

« En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. » Marc-Aurèle

Cela faisait cinq jours que mon meilleur ami était à l'hôpital et je ne l'apprenais que maintenant. Nous devions nous voir le jour de son accident, je m'étais inquiétée ne le voyant pas arriver, j'avais déjà fais le chemin entre chez lui et chez moi des centaines de fois et je savais donc exactement le temps qu'il lui aurait fallu, même au milieu des embouteillages. J'avais essayé de lui téléphoner une vingtaine de fois sans succès ce qui avait ajouté à mon angoisse naissante. Au bout de deux jours sans réponse, je m'étais résolue et n'essayais d'appeler que trois à cinq fois par jour, une infirmière avait finalement décroché, sûrement lassée d'entendre le téléphone sonner, et m'avait appris pour l'accident, les points de suture et malheureusement le décès de la conductrice dans la voiture en face de celle d'Adrien.

J'avais immédiatement pris ma voiture et foncé jusqu'à l'hôpital de Mystic Fall, où se trouvait Adrien. Il était aux alentours de 14 heure et les visites étaient autorisées, même si ça n'avait pas été le cas ça n'aurait rien changé, j'aurais fais un tel scandale à l'hôpital qu'ils m'auraient finalement autorisé à passer. Ça faisait cinq jours que je n'avais pas de nouvelles, autant vous dire une éternité, et celui qui avait l'intention de se mettre en travers de mon chemin risquait de le regretter très amèrement...

Je me renseignai à l'accueil pour connaître l'étage et le numéro de chambre d'Adrien et fonçai par les escaliers, n'ayant pas la patience d'attendre l'ascenseur qui mettrait forcément beaucoup trop de temps à venir. J'arrivai devant la porte alors qu'une infirmière passait de chambre en chambre pour changer pansements, perfusions et autre tout aussi sympa que l'ont trouvait dans un hôpital. J'espérais que cela avait déjà été fait pour Adrien car voir l'étendue des dégâts n'était pas ma tasse de thé. Il fixait le plafond lorsque j'entrai sans prendre le soin de frapper à la porte, il avait un énorme pansement sur la tête et devait s'ennuyer à mourir.

- T'es vraiment pas possible, je peux pas t'abandonner cinq minutes sans qu'il arrive une catastrophe ! Le taquinais-je. Et le téléphone ? T'as oublié mon numéro ? J'ai mis quatre jours avant que quelqu'un daigne me décrocher ! Je sais pas si tu te rend compte à quel point c'est long quatre jours sans la moindre nouvelle ! m'égosiais-je tout en me rapprochant du lit. Bon, encore heureux que tu sois pas mort dans cet accident parce que je peux t'assurer que t'aurais pas reposé en paix, loin de là, j'aurais botté le cul à ton fantôme je peux te le dire !ajoutais-je.
Ce qu'il ne savait pas c'est que ce n'était pas qu'une façon de parler...

Lena Ҩ Adrien

« En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. » Marc-Aurèle

La chambre se situait au bout du couloir, tout au bout. Un couloir infiniment long pour moi qui n’avais pas vu mon meilleur ami depuis près de cinq interminables jours. Lorsque j’arrivai dans la chambre imprégné d’une odeur de désinfectant et de poussière, un sourire éclaira le visage d’Adrien, encore heureux d’ailleurs. Il s’empressa de se justifier, ne voulant visiblement pas périr sous mon courroux, plaisantant sur ma présence indispensable à sa survie, ce qui au final n’était surement pas totalement faux, pour l’un comme pour l’autre. Nous avions grandi ensemble, affrontant les épreuves ensemble, soudé comme des frères et sœurs. Il m’indiqua que sa mère lui avait pris son téléphone et confier à une infirmière qu’elle connaissait pour pouvoir la joindre à tous moments. Parlons-en de sa mère qui n’avait pas eu à aucun moment l’idée de me téléphoner pour me prévenir, que ce soit par téléphone ou en venant directement me voir. Visiblement le fait que je sois la meilleure amie de son fils lui passait par-dessus la tête ainsi que le fait qu’il aurait pu apprécier que je vienne lui rendre visite plus tôt. Le fait que je ne le laisse pas reposer en paix le fit rire, ce qui me dérida un peu.

_ J’ai toujours su que tu ne pouvais pas vivre sans moi, ripostais-je en riant tout en levant les yeux au ciel. Quand à ta mère elle aurait pu me prévenir bon Dieu ! Quand j’ai téléphoné sur le fixe, un coup c’était occupé et un coup personne ne décrochait ! Elle va m’entendre quand je vais la croiser tu peux me croire ! Pour ce qui est de te ressusciter, je dois reconnaitre que je n’avais pas envisagé cette option, ajoutais-je songeuse. Bon fait moi un peu de place sur ce lit, le blessé de guerre, tu sais bien que les fauteuils des hôpitaux sont tout sauf confortables !

C’est à ce moment-là que je compris. Au moment où nous nous sommes effleuré, une décharge me traversa du bout des ongles jusqu’à la racine des cheveux, pas le genre agréable, qui vous réchauffe de l’intérieur et vous donne des papillons dans le ventre, loin de là, c’était une décharge qui vous glace le sang, qui vous fait regretter de l’avoir senti, un sentiment que je ne connaissais que trop bien. Si Adrien ne se sentait pas bien, c’était tout simplement car il s’était transformé, pas seulement mentalement, en tuant involontairement cette femme dans l’accident, il avait déclenché une malédiction qui le dépassait, et qui me dépassait moi aussi.

J’étais dépassée, intérieurement au bord des larmes bien que j’essayai de garder ma contenance devant Adrien, priant pour qu’il n’ait pas remarqué la seconde de panique qui avait surement défilé à travers mes yeux. Je ne pouvais pas lui annoncer, pas comme ça et pas maintenant. Je m’étais toujours préparé à tous, sauf à ça. Je n’avais jamais envisagé qu’un jour, mon meilleur ami deviendrait un loup-garou…